đ© SERGE LUTENS : PORTRAIT đ©
INTRODUCTION :
Il y a quelques semaines, j’avais Ă©cris un article sur ma rencontre avec l’univers de Serge LUTENS. (si vous ĂȘtes passĂ©s Ă cĂŽtĂ© : il est ici.)
J’avais Ă©tĂ© fascinĂ© par cet univers « à part » sans pour autant connaitre l’homme qui se cachait derriĂšre ces crĂ©ations et encore moins son histoire…
Je rĂ©digerai des articles sur ses diffĂ©rentes crĂ©ations olfactives mais avant de pouvoir aborder l’oeuvre de LUTENS : il faut d’abord comprendre qui il est ; d’oĂč il vient…
Ce crĂ©ateur Ă©nigmatique se fait trĂšs discret dans les mĂ©dias : c’est un artiste Ă part entiĂšre, un autodidacte qui transforme en or tout ce qu’il touche…
Cet article vous permettra de comprendre de mettre un visage sur ce nom dĂ©sormais cĂ©lĂšbre…
SON ENFANCE :
Serge LUTENS nait Ă Lille (FRANCE) le 14 mars 1942 alors que la seconde guerre mondiale fait rage dans le pays.
Enfant, il n’aime pas vraiment l’Ă©cole… non pas parcequ’il est mauvais Ă©lĂšve mais parce qu’il s’y ennuie…
C’est un petit garçon sensible et rĂȘveur qui absorbe et se nourrit dĂ©jĂ de tout ce qu’il peut observer autour de lui…MarlĂšne DIETRICH et le cinĂ©ma expressionniste allemand le fascine : un jour c’est sĂ»r : il sera acteur!
Je ne rentre pas plus dans les dĂ©tails de son enfance… nous aurons l’occasion d’en reparler plus tard… đ.
LA NAISSANCE D’UN GĂNIE :Â
Ă 14 ans (1956), il commence un apprentissage de coiffure contre son grĂ© chez « BESSON » le plus cĂ©lĂšbre salon lillois de l’Ă©poque…
Comme tout apprenti, il commença par les tĂąches ingrates du mĂ©tier : balayer les cheveux au sol, faire les shampooings, accueillir les clientes… Jusqu’Ă ce jour oĂč, suite Ă une erreur de planning, il dĂ»t coiffer une jeune cliente parisienne au pied levĂ©…
Cette cliente aux cheveux longs et bruns Ă©tait assise devant lui et il explique toujours aujourd’hui Ă quel point tous deux Ă©taient terrifiĂ©s : c’Ă©tait sa premiĂšre coupe de cheveux et sa cliente l’avait bien compris…
Il n’avait jamais coupĂ© les cheveux et on le mettait au pied du mur…partagĂ© entre peur et colĂšre, il saisi une paire de ciseaux et se mit Ă couper de longues mĂšches noires de jais. La mode de l’Ă©poque Ă©tait aux cheveux longs et aux choucroutes, lui a voulu la libĂ©rer de ce poids… Son visage se sculpte, elle s’Ă©mancipe… Lutens crĂ©Ă© une femme androgyne et affirmĂ©e inspirĂ©e du cinĂ©ma expressionniste allemand qu’il aime tant… il crĂ©Ă© le « CarrĂ© Plongeant »…
PremiĂšre coupe, premier coup de gĂ©nie : les clientes parisiennes affluent dans ce salon lillois : une rĂ©volution esthĂ©tique est nĂ©e…
VOGUE :
Deux ans aprĂšs, toujours dans sa quĂȘte de « femme idĂ©ale », Serge LUTENS va naturellement se lancer dans le maquillage sans jamais l’avoir appris…
Les teints sont Ă©thĂ©rĂ©s et les yeux fumĂ©s : il crĂ©Ă© « sa » MarlĂšne DIETRICH. Le noir devient sa signature et ne le quittera plus…
Sa sensibilité à fleur de peau va là encore faire des miracles. Guidé par cette muse indépendante et androgyne, il va créer de véritables tableaux vivants. Il coiffe, maquille, met en scÚne ses amies et les photographie.
Ă 18 ans, il sera rĂ©formĂ© alors qu’il servait sous les drapeaux pendant la guerre d’AlgĂ©rie. Nous sommes en 1962 et cette rupture le poussera Ă quitter Lille pour Paris…
C’est avec quelques clichĂ©s sous le bras et dans l’anonymat le plus complet qu’il va contacter le magazine VOGUE avec l’aide de son amie Madeleine LEVY.
Trois jours plus tard, il collabore avec VOGUE pour leur numĂ©ro de noĂ«l et battra tous les records de tirages…
Il perfectionne sa mise en scĂšne et crĂ©Ă© des bijoux, des accessoires pour sublimer ses modĂšles. Serge LUTENS s’impose rapidement comme LA personne Ă avoir au sein de sa rĂ©daction. Les magazines « ELLE », « JARDIN DES MODES », « HARPER’S BAZAAR » etc… se l’arrachent! Il collabore avec les plus grands photographes et designers (Richard AVEDON, Robert RICHARDSON, Guy BOURDIN, Irving PENN etc…) tout en continuant ses travaux  personnelles en parallĂšle.
CHRISTIAN DIOR :Â
En 1967, Il se fait repĂ©rer par Christian DIOR qui s’apprĂȘte Ă lancer sa ligne de maquillage. Il va dĂ©velopper une collection de fard et de rouges Ă lĂšvres inĂ©dit Ă l’Ă©poque en lançant des beiges, des bruns foncĂ©s, des pourpres etc… qui n’Ă©taient pas du tout utilisĂ©s. La maison de couture va connaĂźtre une explosion de chiffre d’affaire.
Diana VREELAND, rĂ©dactrice en chef du VOGUE US, exprimera mĂȘme son enthousiasme dans son article  » Serge Lutens, Revolution of Make-Up ». Le succĂšs est mondial : Serge LUTENS devient l’icĂŽne d’une libertĂ© apportĂ©e par le fard pour toute une nouvelle gĂ©nĂ©ration!
Un trĂšs bel hommage lui a Ă©tĂ© fait dans l’expo « Dior Couturier du RĂȘves » au MusĂ©e des Arts DĂ©coratifs de Paris en janvier 2018…
Le talent de Mr LUTENS sera reconnu jusqu’aux Etats-Unis. En 1973, une sĂ©rie de ses photographies inspirĂ©es des grands maĂźtres de la peintures sera mĂȘme exposĂ©e au MusĂ©e Guggenheim de New-York.
COURTS METRAGES :
En 1974, Serge Lutens présentera au Festival de Cannes son premier court métrage : « Les Stars ».
En 1976,, il prĂ©sentera « Suaire » dans la catĂ©gorie « Perspectives ». Ce goĂ»t affirmĂ© pour le cinĂ©ma lui permettra de rĂ©aliser de nombreux films publicitaires rĂ©compensĂ©s par 2 Lions d’Or.
En 1990, il obtient le « Grand Prix du Festival International du Film d’Art » parrainĂ© par l’UNESCO.
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LES VOYAGES :Â
Les 70’S furent des annĂ©es riches en voyage pour Serge Lutens.
C’est en 1967 qu’il va rĂ©aliser son premier voyage au Maroc. Le coup de coeur sera immĂ©diat! L’art, la culture, l’hospitalitĂ© de ses habitants, les senteurs de cette ville envoutent Serge LUTENS. Ce pays deviendra une nouvelle source d’inspiration…
En 1974, aprĂšs plusieurs sĂ©jours Ă Marrakech, il dĂ©cide d’acquĂ©rir un riad en vue d’y vivre et de fuir les tumultes de la vie parisienne. Il rĂ©habilitera entiĂšrement les lieux en faisant appel Ă des artisans qui venaient de tout le pays. La lĂ©gende dit qu’il invitait et logeait des membres de la famille des artisans afin qu’ils se sentent bien lors de leurs journĂ©es de travail…
Mr Lutens va Ă©normĂ©ment s’investir dans ce lieux : il en devient l’architecte et n’hĂ©site pas Ă dĂ©molir des Ă©lĂ©ments de dĂ©cor Ă plusieurs reprises pour atteindre la perfection.
Ă force d’investissement, ce riad va devenir aux yeux de Mr Lutens une oeuvre d’art Ă part entiĂšre et comme bon nombre d’artistes, une fois l’oeuvre terminĂ©e, elle fait dĂ©sormais partie du passĂ©… il n’y vivra jamais… prĂ©fĂ©rant un petit studio remplis de livres dans la palmeraie… le retour Ă ses origines modestes… Il en est de mĂȘme pour ses autres oeuvres, parfums, maquillages etc… une fois terminĂ©es, il ne veut plus revenir dessus et passe Ă autre chose…
J’ai eu l’immense privilĂšge d’ĂȘtre reçu par Mr Lutens dans ce magnifique riad en 2012. Le lieu est habitĂ© par du personnel de maison qui entretien les lieux.
J’avais Ă©tĂ© accueilli dĂšs l’entrĂ©e par le personnel, une jolie table Ă©tait dressĂ©e avec du linge de maison blanc brodĂ© aux initiales SL… J’ai Ă©tĂ© reçu comme un roi avec des fruits secs et autres pĂątisseries marocaines prĂ©sentĂ©s dans des plats anciens. Puis Mr Lutens est arrivĂ© pour nous saluer, il s’est penchĂ© sur mon Ă©paule pour me demander si tout se passait bien en me prĂ©sentant du bout de la main des thĂ©iĂšres et autres carafes en cristal anciennes dont une renfermait du coca-cola… et oui : il voulait ĂȘtre sĂ»r de nous faire plaisir en nous proposant plein de boissons et avait eu la dĂ©licatesse de prĂ©senter cette boisson dans une carafe de collection… Le comble du raffinement ! Une trĂšs grande timiditĂ© laissait transparaitre un coeur Ă©norme par cet « art de recevoir »… Je tiens certainement une partie de mon amour des arts de la table de cette expĂ©rience. Il m’avait dĂ©montrĂ© que des aliments de consommation courante pouvaient ĂȘtre perçus comme des choses de valeur si on savait les magnifier et les mettre en scĂšne…
C’est un endroit magique, Ă l’image de son crĂ©ateur… Au centre du riad, on retrouve une cour carrĂ©e ouverte sur un jardin sauvage surplombĂ© d’une toile tendue blanche pour protĂ©ger le lieux des curieux qui essayent de le prendre en photo par hĂ©lico…
C’est un endroit totalement onirique. J’ai en souvenir la bibliothĂšque cosy qui Ă©tait remplie de bouquins sur l’art, la couture, la mode etc… Des ouvrages sur CHANEL, Karl Lagerfeld etc… De murs habillĂ©s de peintures venant du monde entier, de souvenirs de voyages qui avaient Ă©tĂ© utilisĂ©s sur certaines de ses photos et que je reconnaissais…
Et puis il y a cette piĂšce presque chirurgicale et sombre : son laboratoire Ă parfum… Les vitrines rĂ©frigĂ©rĂ©es qui renferment une infinie quantitĂ© de flacons de matiĂšres premiĂšres venues du monde entier, le plan de travail immaculĂ© et un flacon de table posĂ© avec le nom du roi du Maroc gravĂ© dessus dont il a crĂ©Ă© le parfum…
Mon regard Ă©tait attirĂ© par tous les dĂ©tails qui ornaient les lieux : j’avais le sentiment de rentrer dans son intimitĂ© et de  prendre place dans une de ses mises en scĂšnes photographiques… Le lieux est Ă son image : humble et raffinĂ©… Sans aucun doute l’un des moments les plus fort de ma carriĂšre… moi qui rĂȘvais sur ses crĂ©ations dans les magazines quand j’avais 15 ans : je l’avais en face de moi dans un lieux hors du temps… Le sentiment d’ĂȘtre privilĂ©giĂ© de pouvoir rencontrer l’un des plus grand crĂ©ateurs de mode de notre Ă©poque, chez lui, et de pouvoir Ă©changer simplement avec l’artiste…j’Ă©tais trĂšs Ă©mu… âș
Ci-dessous quelques rares clichĂ©s de ce paradis terrestre…
SHISEIDO :Â
Dans les annĂ©es 70, Serge LUTENS va effectuer un premier voyage au Japon. Il va y dĂ©couvrir une culture d’une richesse incroyable. Le raffinement de ses habitants, leurs traditions vont s’inscrire en lui.
La France, le Maroc et le Japon vont devenir une mine d’inspiration pour l’artiste…
Mr LUTENS vivait alors entre la France et le Maroc. Lorsqu’il devait rentrer sur Paris pour Dior, il rĂ©sidait dans une chambre au Ritz un peu comme l’avait fait Coco CHANEL en son temps…
Un soir oĂč Mr LUTENS prenait un thĂ© dans le salon du palace, il fit la connaissance de 2 japonais qui Ă©taient assis Ă cĂŽtĂ© de lui. Ces deux personnes n’Ă©taient autre que les descendants d’Arinobu FUKUHARA : pharmacien et fondateur en 1872 de la cĂ©lĂšbre maison de cosmĂ©tiques SHISEIDO Ă Tokyo… La marque connait un succĂšs sans prĂ©cĂ©dent en Asie mais souhaiterait s’implanter en Europe.
Cette « femme lune » au teint clair, aux yeux charbonneux et Ă la bouche rouge qu’a crĂ©Ă© LUTENS subjugue les deux actionnaires… en effet, elle n’est pas sans rappeler l’emblĂ©matique geisha japonaise…
Alors qu’ils prenaient congĂ© pour regagner leurs chambres, Serge LUTENS laissa tomber sur le sol une Ă©tole de couleur pourpre… couleur impĂ©riale au Japon… Le coup de coeur mutuel qu’ils venaient d’avoir et la superstition de cette Ă©tole de couleur impĂ©riale tombĂ©e au sol Ă©taient autant de signes avant coureurs d’une future collaboration…
Ils lui proposĂšrent alors de devenir le directeur artistique international de la marque avec une libertĂ© totale de crĂ©Ă© sans aucunes contraintes marketings ou commerciales… Vous pouvez un peu le voir comme un contrat de mĂ©cĂ©nat comme pouvait en proposer François Ier aux artistes de son Ă©poque…
Serge LUTENS va alors quitter la maison Dior pour crĂ©er l’image internationale de Shiseido.
Sa totale libertĂ© va lui permettre d’exploser artistiquement… le maquillage devient oeuvre d’art…
L’ART ET LA PEINTURE :Â
La peinture va devenir une source d’inspiration trĂšs importante pour Serge LUTENS. Les sĂ©ances de maquillage pouvaient prendre plusieurs heures et ses modĂšles devaient s’armer de patience ! Le corps se pare de dentelles posĂ©es Ă mĂȘme la peau, les robes sont en origami… L’artiste est perfectionniste et met en scĂšne ses modĂšles au mĂȘme titre que le peintre construit son tableau… la femme devient oeuvre d’art ! Je vous ai fait une petite sĂ©lection des courants artistiques qui vont fortement l’influencer mais la liste est tellement longue que cet article ne verrait jamais le jour si j’avais voulu tous vous les Ă©numĂ©rer ! đ
Amedeo MODIGLIANI et sa peinture figurative (période expressionniste) :
Gustave KLIMT et le Symbolisme :
Le Constructivisme Russe :Â
Le Pointillisme :
Vassily KANDINSKY et son art Abstrait :Â
Pendant 20 ans (de 1980 Ă 2000), les crĂ©ations de Serge Lutens pour Shiseido vont marquer toute une gĂ©nĂ©ration. Vous pouvez les trouver facilement sur le net : en voici quelques extraits…
LE PARFUM :
Au fil de sa vie, Serge Lutens a pris l’habitude de sentir tout ce qui l’entoure : les fleurs, les vĂ©gĂ©taux, les Ă©pices, les thĂ©s prĂ©cieux, les bois etc… Il va ainsi se constituer un registre olfactif qu’il va apprendre Ă manier avec gĂ©nie…
En 1982, il crĂ©Ă© « Nombre Noir » un floral aldĂ©hydĂ© dans une couleur qui lui est chĂšre…
La véritable révolution arrivera avec sa seconde création en.1992 : « Féminité du Bois ».
Le parfum devient androgyne et ce boisé féminin révolutionne une parfumerie enfermée dans des notes florales opulentes.
1992 verra aussi naitre une 2 Ăšme rĂ©volution olfactive : « Angel » de Thierry Mugler avec ses notes gourmandes…
J’aurais l’occasion de dĂ©velopper « FĂ©minitĂ© du Bois » dans un prochain article đ.
LE PALAIS ROYAL :Â
En 1992, Shiseido demande Ă Serge Lutens de trouver un emplacement dans Paris pour servir d’Ă©crin à « FĂ©minitĂ© du Bois » : entendez par lĂ de trouver un pas de porte pour ouvrir une parfumerie qui ne vendrait qu’un seul parfum… đ .
Il va leur proposer spontanĂ©ment le Palais Royal…
Inutile de vous dire que ce lieu ne va pas faire l’unanimitĂ© auprĂšs de la direction de Shiseido. En effet, il est Ă l’Ă©cart des Grands boulevards commerçants, il est difficile de s’y garer et on ne passe pas devant par hasard…
Lutens tient Ă cet endroit : on est Ă proximitĂ© du MusĂ©e du Louvre et la galerie de Valois est remplie de libraires et d’antiquaires. Les colonnes de Buren accueillent les curieux qui s’aventurent sous les arcades : l’art est partout : Lutens s’y sent bien…
Comme Shiseido lui avait laissĂ© carte blanche, le lieu va ĂȘtre validĂ©. Lutens va alors crĂ©er une boutique Ă son image. Les murs sont dĂ©corĂ©s d’astres, le noir et le pourpre (couleur impĂ©riale du Japon) sont omniprĂ©sents, les sols sont en marbre, les comptoirs sont patinĂ©s par le temps…
Au centre trĂŽne un imposant escalier. La rambarde est soutenue par les flĂšches du sagittaire qui indiquent le chemin du ciel Ă©toilĂ© du salon… Ă l’Ă©tage, une petit salon marocain dans lequel Mr Lutens reçoit quelques journalistes triĂ©s sur le volet pour les prĂ©sentations presse. C’est un homme trĂšs timide qui n’aime pas la foule. Il choisi les journalistes non pas de part la notoriĂ©tĂ© et le nombre de tirage de leurs journaux mais parce qu’il aura Ă©tĂ© touchĂ© par un article qu’il aura lu…
LES SALONS DU PALAIS ROYAL
25, Rue de Valois
75 001 PARIS
SA MARQUE « SERGE LUTENS » :Â
En 2001, Shiseido dĂ©cide d’aider Serge Lutens Ă lancer sa propre marque.
Son talent innĂ© pour la crĂ©ation incite le groupe japonais Ă financer son oeuvre pour l’aider Ă se dĂ©velopper.
Au lancement, 5 nouveaux parfums voient le jour :
- « Ambre Sultan »
- « Arabie »
- « à La Nuit »
- « Sa Majesté La Rose »
- « Douce AmÚre »
LE CONCEPT :
Si vous avez rĂ©ussi Ă lire cet article jusqu’ici, vous avez du comprendre que Mr Lutens Ă©tait un perfectionniste et qu’il ne laissait pas de place au hasard…
Il en est de mĂȘme pour sa parfumerie et je voulais vous expliquer ici le concept tout Ă fait original de cette collection. Vous donner quelques conseils pour l’aborder et l’apprĂ©cier au mieux.
Tout d’abord : faites un « reset » de votre cerveau et de votre nez. Oubliez tout ce que vous connaissez de la parfumerie « traditionnelle ».
Rappelez-vous de cette premiĂšre coupe de cheveux : ce « carrĂ© plongeant » qui a rĂ©volutionnĂ© la coiffure, de cette « Femme Lune » au teint Ă©thĂ©rĂ© qui est devenue une oeuvre d’art dans le monde trĂšs codifiĂ© du maquillage… et bien il en est de mĂȘme pour sa parfumerie! Il utilise des matiĂšres premiĂšres rares et ose de nouvelles associations olfactives.
Mr Lutens a de nouveau carte blanche : Ă l’inverse des autres maisons qui ont des services marketing qui font des Ă©tudes de marchĂ© et qui demandent Ă la crĂ©ation de coller aux tendances actuelles, lui ne se fie qu’Ă son instinct sans se soucier des modes…
Pourquoi oublier tout ce que l’on a senti auparavant?Â
Dites vous que nous avons tous Ă©tĂ© conditionnĂ©s dĂšs notre plus jeune Ăąge… Notre Ă©ducation, notre entourage, notre enfance, notre religion, nos centres d’intĂ©rĂȘts, les modes, la presse etc nous formatent et nous perdons petit Ă petit notre libre arbitre. Je vous donnerai un exemple trĂšs simple : celle de la « thĂ©orie des genres » qui impose le rose pour les filles et le bleu pour les garçons ; qui se traduira en parfumerie par : « les filles se parfument avec des fleurs et les garçons avec des notes de bois ». Comme dit Mr Lutens « Tous les goĂ»ts sont dans la nature… au mĂȘme titre qu’il n’y a pas de restaurants pour hommes et d’autres pour femmes : ma parfumerie est mixte » : tout est dit! đ. C’est aussi misogyne que de dire qu’il y a des vins pour hommes (charpentĂ©s, taniques) et des vins pour femmes (lĂ©gers, fruitĂ©s…) đ
Le flaconnage sobre permet Ă tout Ă chacun de s’identifier sans se dire que c’est destinĂ© Ă un homme ou une femme. « Le parfum prend la personnalitĂ© de celui qui le porte »!
Rappelez-vous de « FĂ©minitĂ© Du Bois » en 1992 : la tendance Ă©tait aux parfums aux notes opulentes d’Ylang-Ylang ultra fĂ©minin et on offrait aux femmes la libertĂ© de porter des notes de bois inexistantes dans leur vestiaire. Il y avait une forme d’Ă©mancipation et d’ouverture d’esprit. Tout devenait possible!
Les femmes peuvent porter des notes boisées, épicées habituellement réservées aux hommes et vice versa : les hommes peuvent porter des notes florales ou poudrées.
Je vais essayer d’Ă©crire un article sur chaque parfum de l’univers LUTENS. Si vous en avez la possibilitĂ©, lisez l’explication du parfum avant de le sentir. C’est comme lorsque vous ĂȘtes devant une toile de maĂźtre au Louvre, c’est toujours plus sympa quand vous avez l’audio guide!
Vous avez la possibilité de mettre le lien du blog sur votre portable : ça vous permettra de trouver les articles plus facilement lorsque vous serez devant le rayon :
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LA BIBLIOTHĂQUE OLFACTIVE :Â
Les packagings sont trĂšs sobres pour ne pas ĂȘtre estampillĂ©s « fĂ©minins » ou « masculins » : c’est totalement unisex. Et puis il y a toujours de la sobriĂ©tĂ© chez Lutens : pas de bling bling ni de paillettes : le parfum se suffit Ă lui mĂȘme et n’a pas besoin d’artifices !
En s’y attardant un peu plus, ces packagings sobres ne sont pas sans rappeler des couvertures de romans aux noms Ă©vocateurs ! Et c’est lĂ tout le concept de la bibliothĂšque olfactive… chaque parfum Ă son histoire et va ĂȘtre un tome de l’autobiographie de Mr Lutens… Ils vont s’inspirer de son enfances, de ses voyages, de contes et lĂ©gendes… Bref on est loin des thĂšmes habituels de la jeune fille en fleur qui dĂ©couvre l’amour et du macho viril pour les hommes. đ
Au mĂȘme tire que la littĂ©rature aborde tous les thĂšmes, la parfumerie Lutens aborderas les souvenirs d’enfances (un petit cĂŽtĂ© « madeleine de Proust ») et ses traumas, la vie, la mort, les lĂ©gendes etc etc… Les parfums vont un peu s’ouvrir Ă vous comme vous pourriez ouvrir le carnet intime de Mr Lutens…
Mr Lutens Ă©crit d’ailleurs un texte de plusieurs pages qui explique l’esprit de son parfum…
Il peut travailler sur plusieurs projets en mĂȘme temps et ne s’impose pas de rythme de sortie. Tant que le parfum n’atteint pas la perfection recherchĂ©e, Lutens n’autorise pas sa commercialisation. Vous pouvez trĂšs bien avoir un parfum sorti en 2016 et un autre en 2017 : pour autant ne vous dites pas qu’il a crĂ©Ă© celui de 2017 en 1 an aprĂšs celui de 2016. Ăa ne veut rien dire du tout. Certains parfums ont demandĂ© plusieurs annĂ©es de conception : si bien celui de 2016 lui aura demandĂ© 2 ans de travail alors que celui qui est sorti en 2017 lui en aura demandĂ© 10!
LES GAMMES :
Il existe 3 collections de parfums différentes :
- « La Collection Noire » : Qui correspond à la ligne de parfums que vous pouvez trouver en parfumerie sélective triées sur le volet.
- « Les Flacons de Table » : C’est une collection exclusive de la boutique du Palais Royal et des Stands Lutens sur les Grands Magasins parisiens.
- « La Section D’Or » : C’est la ligne la plus prestigieuse de la collection puisqu’elle contient des matiĂšres premiĂšres nobles et trĂšs rares… Disponible uniquement au Palais Royal et stand Lutens dans les Grands Magasins parisiens.
LES MATIĂRES PREMIĂRES :
Le concept de la marque est de revenir aux traditions de la parfumerie en utilisant un maximum d’essences naturelles. les matiĂšres premiĂšres, leur cueillette et mĂ©thodes d’extractions sont rigoureusement sĂ©lectionnĂ©es ce qui assure une tenue sans prĂ©cĂ©dant aux parfums. Les seuls notes de synthĂšse utilisĂ©es sont ce que l’on appelle des « SynthĂšses Nobles » : c’est Ă dire des senteurs qui n’existent pas Ă l’Ă©tat naturel comme le « Cuir de Russie », le « Cashmeran ou Bois de Cachemire » par exemple ou des essences que l’on a plus le droit d’utiliser Ă l’Ă©tat naturel comme l’ « Ambre Gris » qui Ă©tait issu du cachalot.
Les compositions sont d’une richesse et d’une complexitĂ© incroyable : vous verrez d’ailleurs que votre odorat saturera nettement moins vite si vous en sentez plusieurs que des parfums fortement dosĂ©s en synthĂšse.
Le 27 fĂ©vrier 2007, le ministĂšre de la culture lui a remis les insignes de « Commandeur dans l’Ordre des Arts et des Lettres » : une magnifique distinction pour sa parfumerie littĂ©raire non? đ
J’espĂšre que cet article vous aura permis d’en apprendre un peu plus sur l’univers de Mr Lutens…
Il ne me reste plus qu’Ă m’activer dans la rĂ©daction des articles sur les parfums (je suis trĂšs long dans la rĂ©daction : j’ai toujours peur d’oublier des infos) !! đ
N’hĂ©sitez pas Ă interagir avec les commentaires si vous avez des choses Ă rajouter ou si vous avez des questions đ.
Mathieu
Excellent article et travail de recherche!!!
BRAVO!! et MERCI!!
Bonjour Garance
Merci beaucoup pour ce commentaire qui va Ă coup sĂ»r me donner de l’Ă©nergie pour les prochains articles đ.
TrÚs belle journée à vous!
Je viens de dĂ©couvrir cet aprĂšs-midi, grĂące Ă vous, Serge Lutens. Vous Ă©tiez passionnant, et avez su me faire tomber raide dingue de Nuit de Cellophane. Je ne l’ai pas achetĂ© aujourd’hui, mais je sais que je mon prochain parfum sera celui-lĂ ! Toute l’Ă©thique et la fragance magnifique me correspondent.
Merci, quel plaisir de rencontrer des personnes passionnĂ©es comme vous , j’adore dĂ©couvrir de nouvelles choses.
TrĂšs belles fĂȘtes Ă vous!
Sandrine
Bonjour Sandrine,
Merci infiniment pour ce charmant message : c’Ă©tait un plaisir d’Ă©changer avec vous sur un sujet si passionnant. đ
Au plaisir de vous revoir si vous avez plus de questions.
Belles fĂȘtes de fin d’annĂ©e Ă vous et vos proches.